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De l’aquarelle au patchwork, comment respecter les couleurs ?

introduction

Quelle est le bon rendu couleurs

Comment photographier ses tableaux ? Une aquarelle, une peinture, une broderie ou autre patchwork, constituent un des exercices photographiques les plus difficiles : en cause la reproduction fidèle des couleurs qui, si elles ne sont pas globalement respectées, peuvent dénaturer le sujet. C’est l’inéluctable comparaison du résultat avec l’original qui met en lumière ces différences, celles-ci ne portant parfois que sur une ou deux couleurs seulement. Tout le problème est là !

Beaucoup d’éléments vont entrer en ligne de compte pour obtenir une reproduction des couleurs correctes. Mais grand public et professionnels n’auront pas le même objectif. Les premiers se contenteront d’un résultat global alors que les seconds rechercheront la précision, la reproduction parfaite. Il sera alors nécessaire d’investir dans des outils de calibration et de maîtriser tout le processus des espaces couleurs. Un thème qui ne sera pas abordé ici, celui-ci demandant à lui seul la rédaction d’un dossier complet.

Dans cet article, nous en resterons donc à la méthode globale. 

Notions de base

Le nombre d’éléments ayant une influence, (plus ou moins grande) sur les couleurs d’une photo est très important. On peut en dresser la liste suivante :

  • Le sujet : l’éclairage  (*)
  • L’appareil photo : l’objectif – le capteur – le processeur – le format de fichier – son espace couleurs (*)
  • La post production : le processeur de l’ordinateur – le logiciel de retouche (*) – l’écran – leurs espaces couleurs (*)
  • L’impression : l’imprimante – le papier – l’encre – son espace couleurs (*)
Le processus de reproduction en photographie
Dans le processus de reproduction, chaque composant a une influence,
même minime, sur le résultat couleurs

Ces éléments peuvent se classer en deux catégories :

  1. Ceux pour lesquels il est possible d’intervenir. (Ils sont marqués d’une*)
  2. Ceux pour lesquels il n’est pas possible d’intervenir sauf à investir dans des outils spécifiques.

En dehors d’une approche professionnelle, les solutions seront assez simple à mettre en place. Elles sont fondamentales pour obtenir un résultat correct. On interviendra sur l’éclairage, les espaces couleurs et le logiciel de retouche, la charte de gris à 18% (1) étant une aide précieuse.

A l’image du maçon qui ne pourra pas construire une maison si les fondations ne sont pas correctes, il ne sera pas possible (ou très difficile) d’obtenir une bonne reproduction des couleurs si la prise de vue n’est pas effectuée dans les règles de l’art.

Tout commence avec l’éclairage.

L’éclairage : le rôle de la lumière

Le premier élément à prendre en compte est la lumière.

Le rendu couleurs change avec la position du soleil.
Le rendu des couleurs varie en fonction de la distance entre la terre et le soleil

Selon l’état de l’atmosphère, les saisons, l’heure, le lieu, l’altitude, la lumière naturelle change, ce qui a une incidence sur le rendu des couleurs. Par convention on appelle « lumière naturelle » la lumière moyenne du soleil, au milieu de la journée, par temps clair.

Pour être précis, on considère que la lumière est dite « naturelle » ou « du jour » lorsque sa valeur °K (température de couleur) se situe entre 5400 et 6500 :

  1. 5400 ° Kelvin correspond à une lumière solaire en fin de journée l’hiver. C’est une lumière plutôt chaude.
  2. 6500 ° Kelvin correspond à une lumière solaire à midi en juin. C’est une lumière plutôt froide.

Aujourd’hui les ampoules à Led type lumière du jour sont une très bonne alternative. La valeur °K change en fonction des fabricants. Choisissez une valeur située entre 5400 et 6500.

Toutes les autres sources de lumière sont inadaptés, temps couvert, haute montagne, lumière artificielle, néon, lumière du jour via une fenêtre etc. La reproduction de certaines couleurs ne sera pas correcte et le rattrapage via le logiciel de post production sera très difficile voire impossible.

La prise de vue

Avant toute chose, il est très important d’assurer une cohésion couleurs entre tous les éléments qui entrent dans le processus de reproduction. Cela se fera très simplement en enregistrant (quand c’est possible) l’espace couleur sRVB (profil sRVB IEC61966-21). Ce réglage s’effectue via la fonction « Gestion des couleurs » qui se trouve dans le menu de l’appareil Photo ou du logiciel de retouche et dans le panneau de configuration du PC (pour l’écran).

On ne mettra pas en place la même méthode de travail selon que l’on effectuera des prises de vue occasionnelles (débutant) ou au contraire très régulières. (expert)

Prise de vue occasionnelle

Logo : exemple de prise de vue

Elle pourra se faire à main levée. A l’intérieur, un lampadaire à arc est parfait pour les petits formats. Il suffira d’être vigilant sur la qualité de la lumière et sa répartition sur le sujet. La position de l’appareil photo devra être bien plan pour éviter les déformations. Si le sujet est de grande dimension, il sera difficile d’avoir une bonne répartition de lumière sans investir dans un mini studio. Avec une lumière naturelle correcte, l’extérieur est alors une très bonne solution. Il faudra juste se méfier des lumières parasites comme celles réfléchies par un élément coloré à l’instar d’un mur en crépi.

La reproduction couleurs d'une broderie
Cette prise de vue est très facile à faire.
La composition est posée sur une simple table, éclairée par un lampadaire à arc (Led lumière du jour) qui est situé au dessus. Les couleurs correspondent à l’original.

Pour faciliter le travail de post production, je vous conseille d’acquérir pour quelques euros une « Charte de gris à 18% » (1) qui vous permettra de visualiser rapidement la qualité des couleurs et éventuellement les corriger avec le logiciel de retouche. Dans ce cas vous réaliserez deux photos, une avec la charte, l’autre sans.

Prise de vue multiple ou régulière

Si vous devez effectuer très régulièrement ce type de photos, il est nécessaire de rendre la prise de vue reproductible. Cela facilitera beaucoup votre travail de post production, le rendu couleurs étant au fil de temps très régulier. Les conditions de prise de vue doivent rester inchangés : l’ensemble du matériel (cité dans la liste du § « Notions de base ») doit absolument être identique. Coté lumière, la prise de vue extérieure ne convient pas, du fait de son incessant changement. L’investissement d’un mini studio est donc obligatoire (à partir de 40,00 €)

Enfin, pour rendre votre prise de vue reproductible, il faut effectuer un plan du studio, afin de pouvoir repositionner les éléments au même endroit. Les conditions de la prise de vue devront respecter les règles décrites ci-dessous :

Préparation du studio de prise de vue
Photographier un tableau en studio

La répartition de lumière est un point important car si certaines parties reçoivent plus ou moins de lumière, cela affectera l’aspect des couleurs, au même titre qu’en extérieur une couleur change selon qu’elle se trouve à l’ombre ou au soleil. Il en est de même pour les déformations éventuelles liées aux effets de perspective. Le traitement post production permettant de  rattraper les fuyantes aura une légère incidence sur les couleurs, autant l’éviter.

L’exposition ne doit pas être influencée par la densité générale de l’œuvre. Toute variation du temps de pose aura aussi une incidence sur les couleurs, même minime. La  solution passe par l’acquisition d’une charte de gris à 18% (1). Elle sera utilisée pour prendre le mesure de l’exposition, (visée sur la charte en mode spot).

Pour obtenir la meilleure définition, n’oubliez pas de régler l’ISO à 200 et l’ouverture F/8 ou F/11. C’est en principe à ces ouvertures que les objectifs offrent la meilleure résolution. L’appareil étant sur pied, le temps de pose n’a aucune importance.

Enfin réalisez deux prises de vue, une avec la « Charte de gris à 18% » (1) l’autre sans. Travaillez en Raw afin de pouvoir ajuster la température couleur de la lampe Led que vous utilisez.

La post production

La charte de gris à 18%

Cette charte a la particularité de renvoyer 18% de la lumière qu’elle reçoit, ce qui correspond à la densité moyenne d’un sujet, quel qu’il soit. Ici, l’utilisation de cette charte est intéressante car elle permet d’effectuer une mesure très précise de l’exposition.

Elle évite donc l’influence du tableau qui peut être plus ou moins dense. Cette charte est un gris moyen, cela signifie que sa densité se positionne au centre de l’échelle qui va du blanc au noir. Elle évite aussi toute sous ou sur-exposition. Ce gris moyen est mesurable : La valeur absolu RVB est de 128.128.128. La valeur en pourcentage en RVB est de 50.50.50. Les logiciels comme Photoshop ou Lightroom permettent de ramener, avec leur outil  » Pipette », ce gris aux valeurs de référence, ce qui facilite grandement la correction couleurs

Prise de vue occasionnelle

En comparant visuellement la charte de gris de la photo à l’original, vous pourrez voir si votre photo a les bonnes couleurs. Si le gris à une légère dominante, vous pourrez le corriger facilement en utilisant un logiciel de retouche. (2)

Prise de vue multiple ou régulière

Si les conditions de prise de vue décrites ci-dessus sont respectées, le résultat sera très proche de l’original. L’outil « Pipette » va vous permettre de d’appliquer une valeur neutre  » 128.128.128  » à la charte de gris, ce qui constitue une première correction efficace. Il vous restera, éventuellement, à finaliser les corrections de certaines couleurs (2)

Le résultat final

Logo

Malgré la rigueur mise dans la manière de photographier une toile, il est probable, que certaines couleurs, même si elles se rapprochent de l’original, ne correspondent pas exactement à celui-ci. Cela est du aux espaces couleurs. Les éléments comme les capteurs ou les écrans ne peuvent pas toujours retranscrire correctement l’ensemble de la gamme couleur.

Ils vont être capable de reproduire correctement, par exemple le bleu, et pas le rouge. Ce sont notamment toutes les couleurs pastels (très claires et proches du gris) qui sont très sensibles au variation. Au contraire les couleurs denses et saturées ne le sont pas.

La seule solution est donc de créer un profil spécifique à cette prise de vue. Un travail coûteux qui nécessite d’investir dans des chartes, sondes et autres thermo colorimètres. Cela permet de mesurer un grand nombre (3) de plages couleurs et de créer un fichier (le profil) qui va permettre de compenser la différence de telle ou telle couleur. C’est un autre monde.

Jean-Claude ROMON

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2 commentaires sur “De l’aquarelle au patchwork, comment respecter les couleurs ?”

  1. Bonjour

    Je me trouve confrontée à un gros problème : comment photographier des collages papier très colorés (dont fluos) déjà fixés sur fond blanc (œuvres en 2D) ?
    Et avoir un fond vraiment blanc ?
    Merci

    1. Bonjour Nathalie

      Ah! Le problème que vous posez est l’un des plus difficiles à gérer. La raison est simple : Si les tons classiques, notamment s’ils sont saturées, ne posent pas trop de problèmes, les tons pastels et fluos, par le fait que ces couleurs sont assez proches du gris ou assez lointaines des couleurs naturelles, vont très vite basculer sur une autre teinte. Le fond blanc, lui, n’a pas d’incidence sur le résultat.

      Ceci étant, il y a des solutions pour limiter le problème.
      – 1/ La première : la source lumineuse. Impératif de travailler en lumière du jour soit en extérieur (à la bonne heure) soit à l’intérieur avec un éclairage led, par exemple. Si vous ne travaillez pas avec une lumière du jour correcte, il vous sera impossible d’avoir la bonne couleur car la composition couleurs de la lumière est déséquilibrée (trop jaune ou trop bleu en fonction des conditions)
      – 2/ La seconde : La répartition de l’éclairage sur l’aquarelle. Si une partie est plus ou moins éclairée, il y aura une conséquence sur la tonalité. surtout sur une aquarelle. Impossible à gérer à l’œil nu, il faut installer une application type « luxmètre » sur votre smartphone. En le plaçant en divers endroits du tableau, vous allez pouvoir vérifier la quantité de lumière arrivant sur celui-ci et modifier l’éclairage en fonction du résultat.
      – 3/ Travailler au format RAW et utiliser un logiciel de post production, qui va vous permettre de ramener le blanc via l’ajustement de la température de couleurs et/ou la densité des très hautes lumières de manière précise et enfin d’ajuster couleurs par couleurs la saturation et la luminosité.

      Ensuite tout va dépendre de l’utilisation que vous allez faire de ces clichés, du type de matériel que vous avez et du logiciel de post production que vous utilisez.

      Espace couleurs

      Si vous pouvez régler sur votre appareil l’espace couleurs, choisir le profil « Adobe ». Important dans votre cas car la gamme couleurs acquise à la prise de vue est beaucoup plus importante. Mais, ensuite, cela va demander obligatoirement une conversion de profil. vers :
      – sRVB IEC 61966-2.1 pour une sortie écran (web)ou impression photo (jet d’encre ou argentique)
      – CMJN pour une impression encre standard (imprimeur)

      La conversion est un mécanisme qui permet à une application comme Photoshop de recalculer les tons couleurs afin qu’ils apparaissent correctement sur un écran ou papier. On bénéficie alors d’un rendu plus précis par rapport à une prise de vue effectuée directement en sRVB

      Cela n’a rien à voir avec la fonction « appliquer un profil » qui, elle, ne recalcule pas le fichier.

      Voilà, j’espère que cela vous aidera un peu dans vos prises de vue

      Cordialement
      Jean Claude

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