Commande, réception, déballage, installation
Premier tirage – premier réglage
Impression : quel Logiciel utiliser ?
La configuration du format papier
Les encres
Qualité couleur et procédure de calibration
Les autres éléments : vitesse, recto verso, coût d’impression
Conclusion
Ayant évolué pendant très longtemps dans le secteur professionnel de la photographie, notamment dans la partie laboratoire, je dois dire que c’est avec un peu d’appréhension que j’ai commandé l’Epson Surecolor P400, son prix avoisinant tout de même 550 €.
Bien conscient que ce type d’imprimante ne peut rivaliser avec du matériel professionnel, j’espérais tout de même ne pas être déçu sur la qualité d’impression, un point qui est pour moi rédhibitoire.
Au final, après avoir réalisé 6 albums photo A4 en recto verso, soit l’équivalent de 180 pages, je suis en mesure de vous faire un point précis sur les avantages et les inconvénients de cette imprimante photo Epson.
Commande, réception, déballage, installation
J’ai commandé cette imprimante à la Fnac avec une réception le lendemain chez Darty, le tout parfaitement bien emballé.
La qualité de fabrication me semble être au rendez-vous. Bien sûr les capots sont en plastic, mais la structure est en aluminium et le mode de fonctionnement de la tête d’impression ressemble étrangement au modèle professionnel Noritsu (1). On verra à l’usage.
Avec une largeur d’environ 62 cm, la P400 reste volumineuse. Elle n’est pas très profonde, environ 32 cm, mais il faut prévoir de l’espace supplémentaire pour le déploiement des bacs d’entrée et de sortie : 20 cm à l’arrière et 35 cm à l’avant. En fonctionnement, il faut donc un espace de 1,00 x 0,60 m
La mise en route est très simple et ne revêt aucune difficulté. Personnellement, j’ai choisi une connexion réseau. Coté installation, il faut absolument utiliser le CD fourni par Epson, afin de disposer du bon pilote. C’est un point très important car c’est lui qui va gérer l’ensemble des critères d’impression.
(1) Il faut rappeler que Noritsu et Epson ont fait dans le passé une alliance technique
Premier tirage – Premier réglage
Avant toute chose, je dois me faire une idée de la qualité d’un tirage brut (sans correction). J’ouvre donc un fichier sous Photoshop, configure la taille de l’image à 10×15 cm, paramètre le pilote avec le même format papier et applique le profil Adobe (j’ai l’habitude de travailler avec). Je lance l’impression. Résultat : un tirage hyper dense et une colorimétrie non conforme. Cela n’a rien d’anormal, c’est une situation qui est souvent rencontrée dans le milieu professionnel.
Le résultat étant trop loin de la réalité, il ne peut pas être géré par un simple réglage, il faut changer les données du pilote.
- La densité va être ajustée en changeant le gamma : 1,8 au lieu de 2,2.
- La colorimétrie ne peut être modifiée que par un profil. Je décide de mettre le profil Epson P400 au lieu de l’Adobe.
C’est nettement meilleur, mais pas suffisant. L’optimisation se fera en production. J’y reviendrai plus loin.
Impression : quel Logiciel utiliser ?
Lightroom me semble être un bon logiciel pour piloter cette imprimante et ce pour plusieurs raisons :
- Le logiciel dispose d’une fonction dédiée à l’impression.
- Le bouton « mise en page » permet de régler facilement les divers paramètres d’impression dans le pilote.
- Les menus permettent de gérer les marges et la taille de la photo avec un visuel immédiat de la mise en page.
- L’affichage des photos se fait dans le panneau inférieur. Il permet de contrôler facilement l’homogénéité de la production.
- Le traitement des fichiers se fait en Raw
La configuration du format papier
Avant d’aborder l’aspect couleur, intéressons nous au format papier, à l’aspect final du tirage ainsi que le choix avec ou sans marge.
Les formats papier
Premier point important, il est possible de créer ses propres formats papier. A titre d’exemple, j’ai configuré un 640 x 254 mm pour réaliser la couverture de mes albums (A4 format italien), un 210 x 307 mm et un 207 x 207 mm Pour cela, on utilise la fonction du pilote « taille papier » « Personnalisée »
Le type de support
Le pilote ne propose pas moins de 10 papiers (Epson) différents, ainsi que le papier ordinaire pour la bureautique. 7 de ces papiers sont destinés à l’impression photo :
- 4 papiers pour le brillant et semi mat
- 3 pour le mat.
Il est normal qu’Epson propose son propre papier. Personnellement, j’ai utilisé un papier d’une autre marque en brillant et semi-mat. En pratique, peu importe la marque utilisée, à partir du moment où le papier est compatible « micro-piezo-technology ».
Avec ou sans marge
Le pilote propose une fonction « sans marge », mais je vous déconseille de l’utiliser car c’est une réelle source de problèmes (2). La raison est très simple : pour imprimer sur toute la surface du papier, la tête d’impression doit déposer de l’encre à l’extérieur du papier, sur un tampon prévu à cet effet. Trop saturé d’encre, ce dernier va être à l’origine de traces sur le papier et sur les rouleaux, ce qui pose problème notamment pour les tirages recto-verso (album).
On rencontre le même problème sur le matériel professionnel, sauf que là, il est possible de nettoyer ces tampons ou de les changer.
Personnellement, je préfère donc massicoter un tirage plutôt que d’utiliser la fonction « sans marge » et prendre le risque de devoir me lancer dans un nettoyage interne. Au bout de 160 tirages A4, la P400 est restée comme neuve.
(2) C’est une case à cocher dans le menu principal du pilote
Les encres
L’imprimante embarque 8 cartouches de 14 ml :
- 7 couleurs (jaune, magenta, cyan, rouge orange, noir mat et noir photo) (3)
- 1 cartouche Gloss optimizer
La technologie de cette encre (Ultrachrome) est du même type que celle utilisée dans les modèles professionnels. C’est pour cette raison que j’ai choisi cette imprimante. Le coût d’une cartouche de 14 ml avoisine les 17,00 €. Contrairement à ce que l’on peut entendre, les cartouches livrées avec la machine contiennent bien 14 ml. Ce ne sont pas des cartouches de démarrage (faiblement remplies).
L’encre de couleurs Cyan est celle qui est la plus utilisée. Je dirai 2 fois plus que les autres. Viens ensuite le magenta et le noir Mat. Commandez vos cartouches en conséquence.
Le « Gloss optimizer »
J’attire votre attention sur le « Gloss optimizer » (optimisation du brillant) qui est utilisé ou pas, en fonction du papier choisi : mat ou brillant :
- Papier mat : le « Gloss optimizer » n’est pas utilisé. J’ai été confronté à un problème sur les noirs profonds (photo de la lune de nuit). L’encre n’est pas fixée sur le papier et la moindre manipulation ou le tirage en recto verso génère des traces. Cela pose un réel problème car les tirages ne sont pas exploitables.
- Concernant le brillant : le « Gloss optimizer » est utilisé et l’imprimante dépose un film transparent sur le tirage. En dehors de l’aspect finition qui est nettement amélioré, le film fixe les encres. Le tirage n’est plus sensible aux diverses manipulations, y compris importantes.
Conséquence : le film étant déposé sur tout le tirage, la consommation du « Gloss optimizer » est très importante. Comptez une cartouche pour 50 tirages A4. Heureusement, celle-ci ne coûte pas très cher : environ 6,00 €.
Qualité couleur et procédure de calibration.
J’arrive maintenant au point le plus important : le réglage couleur et la calibration de l’imprimante SureColor P400.
Principes de base
30 ans de labo couleurs professionnel m’ont appris à être très pragmatique. Vouloir absolument ramener la colorimétrie d’un tirage à celle d’un écran est une grave erreur. Il y a plusieurs raisons à cela :
- Les deux technologies ne sont pas comparables. Pour ne prendre qu’un premier exemple : une photo apparaît toujours très contrastée sur un écran, ce qu’un papier ne peut absolument pas reproduire.
- Une seule photo n’est pas représentative d’un ensemble de tirage. Il faudra donc trouver un axe médian afin que toutes les photos soient d’une qualité homogènes.
- Obtenir une qualité une qualité professionnelle d’un seul ou d’une série de tirages ( x fois le même), demandera toujours des tests préalables (4).
La qualité couleur est une notion très subjective. Plusieurs tirages d’une même photo peuvent avoir des tonalités différentes et être considérée comment étant de très bonne qualité.
Il faut donc avoir, d’un coté, un visuel écran qui vous convienne, et de l’autre, un tirage qui vous convienne aussi, sans pour autant entrer dans un processus de comparaison ultra précis. Sachez, qu’en pratique, personne ne viendra contrôler que la qualité du tirage correspond à celle de votre écran.
Procédure de calibration
Je vous propose ici une procédure complète de calibrage de l’imprimante couleur, sachant qu’elle peut être utiliser pour tous les modèles. C’est la méthode qui est utilisée dans le milieu professionnel.
En priorité, placez les bons profils :
- Le S-RVB dans les paramètres de l’écran.
- L’Epson SureColor P400 dans le pilote de l’imprimante.
Effectuer les premiers réglages de base du pilote :
- Ouvrez une application avec une charte couleur kodak et vérifiez que l’affichage écran est correct.
- Lancez le premier tirage.
- Ajuster votre densité en sélectionnant votre gamma : 1,8 ou 2,2 . (Sans vous occuper de l’écran.
- Effectuez un nouveau tirage de la charte pour contrôle.
- Vérifier ensuite que l’on distingue bien, sur la gamme de gris, les deux premières plages noires et blanches.
- Ajuster la densité (luminosité) via la fonction « mode » « plus d’options »
Optimisez la qualité avec votre production :
- Lancez les trois premiers tirages. Une fois sorties, trouvez une correction qui convienne aux trois tirages. Entrez celle-ci dans la fonction « mode » « plus d’options » du pilote. (toujours sans vous occuper de l’écran)
- Puis effectuez les trois tirages suivants, qui doivent être différents des 3 premiers. Entrez si besoin les nouvelles corrections*.
- Renouvelez l’opération jusqu’à obtention de qualité souhaitée
- Enregistrez ces réglages avec la fonction « paramètres de sélection » en lui donnant un nom précis. Par exemple : « Papier brillant – Lightroom »
- Vous venez de créer votre propre profil .Chaque type de papier doit avoir son propre profil.
Vous trouverez ci-contre la fenêtre de calibration de l’Epson P400. Dans la partie supérieure, vous trouverez les réglages de base : le profil (mode) et le Gamma que j’ai personnellement régler à 1.8.
Plus bas, les réglages de production doivent être entrés sur la base de 3 tirages, point à la fois . (6)
Le réglage peut se faire sur la luminosité, le contraste, la saturation ou les couleurs (utiliser les barres coulissantes).
L’enregistrement des paramètres crée un profil personnalisé.
Les autres éléments
Vitesse
L’imprimante est assez lente. Pour un tirage A4 comptez 2 minutes, mais Lightroom permet d’envoyer facilement une séquence de plusieurs photos.
L’impression recto verso
En recto verso, par exemple pour des albums, doit être faite de manière manuelle, mais reste très simple à réaliser.
- Imprimer toutes les pages impaires en premier : 1, 3, 5, 7, etc. Il est important de tirer toute la séquence et de ne pas toucher au paquet.
- Une fois les tirages sortis, replacer (7) le paquet dans le même sens mais à l’envers, face non imprimée vers vous.
- Lancer toutes les pages paires dans le même sens : 2, 4, 6, etc.
Le coût de revient.
Pour 160 pages A4 en mode album*, la consommation d’encre s’est élevée à 120,00 € soit 0.75 cts par page. Un album de 15 pages recto verso a coûté environ 22,00 €. (non compris le prix du papier)
Conclusion
Au final l’Epson Surecolor P400 est une très bonne imprimante capable de délivrer des tirages sur papier brillant de grande qualité qui n’ont rien à envier au laboratoire professionnel. Cette qualité est un peu moins bonne sur papier lustré. Sur papier mat c’est franchement très moyen, c’est dû au fait que le « Gloss optimizer » n’est pas utilisé. Mais peut-être n’avais-je pas le bon papier. C’est un point à vérifier.
L’installation, le calibrage et l’utilisation de cette imprimante sont à la portée de tout le monde.
Avec un coût d’environ 0.25 cts pour un 10 x 15 cm cette imprimante n’est absolument pas compétitive avec les laboratoires industriels. C’est la contrepartie de sa qualité d’impression. A chacun de faire son choix.
Concernant l’impression des albums, on arrive à un coût (hors papier) de 22,00 € pour 30 pages A4. L’équivalent, via un laboratoire industriel, est à environ 50,00 €. Compte tenu de sa qualité d’impression, l’Epsom est à privilégier.
Cette imprimante est surtout réservée aux photographes professionnels, experts, studio de prise de vue ou agence de publicité.
- Un Portraitiste pourra vendre sa prestation, sa marge sur une seule photo étant importante.
- Un graphiste pourra éditer sa réalisation pour la montrer à son client.
- Un Expert pourra imprimer des tirages A3 pour faire une exposition.
Jean-Claude ROMON
Juin 2019
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