REPRODUCTION DES IMAGES
Auteur Pierre Glafkidès
Physique et chimie photographique
Edition Paul Montel – 1967
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Le négatif
Les images négatives (1) sont enregistrées sur des émulsions très sensibles, ayant une grande latitude de pose. Ces émulsions sont environ 100 à 10 000 fois plus rapides que les émulsions positives pour papier, et 50 fois plus rapides que les émulsions positives pour films cinématographiques.
Les clichés négatifs sont développés à un ɣ variant entre 0,6 et 0,8.
Densité de voile : une émulsion négative récemment fabriquée ne doit pas donner plus de 0,08 de densité de voile. Si elle est ancienne, le voile peut dépasser 0,2 (sauf présence d’anti-voiles énergiques). Au-dessus de 0,2, un voile d’émulsion irrégulier peut altérer les faibles densités de l’image négative.
En général, on évite l’affaiblissement ou le renforcement des négatifs. Toutefois, si une telle opération paraît nécessaire, il faut choisir le genre de traitement d’après la façon dont les densités sont altérées : les figures 136 et 137 montrent les différentes variations de la courbe de noircissement sous l’influence des bains d’affaiblissement et de renforcement.
Il est possible de se rendre rapidement compte de l’effet positif que peut donner un cliché négatif, à l’aide d’un appareil “Reverscope” : un écran fluorescent est assombri par tout rayonnement infrarouge suivant le principe de la phosphorographie. En plaçant le négatif sur le trajet des rayons infrarouges, on observe en conséquence, sur l’écran excité par l’ultraviolet, une image inversée, donc positive.
(1) Les clichés négatifs doivent être exempts de poussière. On enlève celles-ci à l’aide de pinceaux très doux en poils d’écureuil et de petit-gris. On augmente leur efficacité soit en éliminant en même temps l’électricité statique par du polonium incorporé, qui ionise l’air par émission de particules a, soit par aspiration.
Les contretypes
Les contretypes ou duplicata négatifs s’obtiennent en deux phases :
- tirage d’un positif spécial.
- tirage du négatif contre type à partir de ce positif.
Tirage du positif
L’émulsion positive doit avoir un grain très fin, et une courbe caractéristique bien rectiligne avec une région de sous-exposition aussi réduite que possible. Elle doit être susceptible d’un contraste élevé, avec une densité maximum relativement forte (mais latitude de pose assez faible) dépendant de l’intervalle luminosités que l’on accorde au négatif original (fig. 138). Un colorant jaune noyé dans la masse peut être utilisé pour réduire l’irradiation, tandis que les défauts du support sont atténués par légère coloration de celui-ci en bleu ou violacé (teinte lavande).
Le négatif original étant développé à ɣn = 0,65, on en tire une copie sur film positif que l’on développe à ɣ = 1,7.
On inscrit l’image MN uniquement dans la région rectiligne, afin de ne lui faire subir aucune distorsion. Il s’ensuit que, pendant le tirage, il faut surexposer de façon à obtenir une image dense sans aucune partie transparente. On développe dans un révélateur pour positifs.
Si le y de développement est 1,7 et le y négatif 0,65, l’image positive aura un ɣ résultant :
ɣn x ɣp = 1,1
Tirage du négatif contretype
L’émulsion contretype négative est, comme la précédente, lente, à grain très fin et région rectiligne prononcée, mais moins contrastée, la densité maximum étant plus faible que dans le positif. Le contretype négatif est développé dans un bain au borax à ɣc = 0,59. Le y final de l’image contretype est égal au produit des trois y négatif, positif et contretype, soit :
ɣn x ɣp x ɣc = 0,65 x 1,7 x 0,59 = 0,65
En fait, le produit ɣp x ɣc étant égal à 1,7 x 0,60 = 1,02 le contraste du négatif original reste pratiquement inchangé.
Afin d’inscrire l’image dans la région rectiligne, le contretype négatif est, tout comme le positif, légèrement surexposé. 11 diffère donc visuellement du négatif original car il est plus dense et ne présente aucune partie transparente. Par ailleurs, il peut paraître moins contrasté que l’original si la coloration de l’argent, due à la finesse du grain, est plus intense que chez ce dernier.
Il est possible de faire varier les différents ɣ des trois phototypes pourvu que le ɣ final résultant reste compris entre 0,6 et 0,8. Si le grain est très fin, le ton des images est chaud. Le ɣ visuel du positif n’est alors que de 1,25 et celui du négatif 0,65. En réalité, les ɣ efficaces sont supérieurs à ces valeurs.
Les films sont, après séchage, soigneusement essuyés avec une peau de chamois douce imprégnée de chlorothène (1.1.1.trichloroéthane).
Inversion
Négatif inversible
L’inversion d’un négatif en positif peut s’effectuer de trois manières différentes :
- inversion simple,
- en présence de solvant,
- par seconde pose.
Dans tous les cas, le contraste de l’image inversée est égal au contraste de l’image négative, ce qui nécessite un développement négatif à ɣ élevé (1,4 pour les films). En réalité l’image positive est légèrement moins contrastée que l’image négative, du fait qu’elle est constituée par les grains les plus fins (qui sont restés, car les moins rapides) : or, on sait que pour une même masse d’argent, les particules fines sont plus transparentes que les grosses.
Dans l’inversion simple on noircit le bromure d’argent qui reste, après développement du négatif et passage dans le bain inverseur. L’épaisseur de la couche étant invariable, toute surexposition du négatif donnera un positif trop clair et toute sous-exposition un positif trop dense (fig. 139) : dans le premier cas, les détails des ombres du sujet manqueront tandis que dans le second ce seront les parties claires du sujet. On peut remarquer sur les deux premières courbes, que les lumières du sujet se trouvant, en général, sur la région rectiligne, les parties claires du positif inversé les traduiront correctement, alors que les grandes ombres resteront inscrites sur une région déformée.
Quand on développe le négatif en présence d’un solvant, on peut utiliser une couche sensible plus épaisse, l’excès d’halosel pouvant être éliminé par prolongement du développement après que l’on a atteint ɣ∞. l’image négative est surexposée, on a suffisamment de latitude pour inscrire quand même toute l’échelle des densités. Contrairement à ce qui est souvent admis, l’inversion avec solvant n’augmente donc pas la rapidité de la couche sensible, mais permet seulement la surexposition, par utilisation d’épaisseurs d’émulsion plus grandes.
Il en est de même de la méthode par seconde pose. L’émulsion est également en couche épaisse. Si l’exposition négative est normale, c’est-à-dire utilise au mieux la rapidité de l’émulsion, l’excès de bromure d’argent est neutralisé par seconde exposition de faible intensité : les plus gros grains étant les premiers touchés, le noircissement sera limité, le restant du sel d’argent pouvant être éliminé par fixage : on revient ainsi au schéma de l’inversion normale simple. Si le négatif est surexposé, une grande partie du bromure d’argent s’élimine dès l’inversion après premier développement sous forme d’argent métal. On aura, alors, besoin de la majeure partie du restant d’halosel d’argent pour le second noircissement : dans ce but on illumine le bromure résiduel plus fortement que pour l’exposition normale (fig. 140).
Dans la courbe caractéristique optimum d’une image inversée, le gradient moyen ou pente de la droite qui joint les points de densités minimum et maximum doit avoir une valeur de 1,13, les limites extrêmes étant 1,32 et 0,92. La densité utile maximum est 2,5 (2). D’autre part, la symétrie de la courbe de l’image inversée par rapport à la courbe de l’image négative dépend de la quantité de solvant des halogénures d’argent, dans le révélateur (fig. 141).
Papiers inversibles.
Les papiers inversibles, du type Diaprint (Leonar) servent à reproduire en noir et blanc les diapositives en couleurs. Le traitement consiste à développer deux minutes de façon à obtenir une image négative assez foncée, rincer une minute, blanchir au bichromate 15 à 30 s, clarifier 30 s, rincer, redévelopper sous éclairage (40 W à 1 m), fixer 3 mn, laver 15 mn. Eclairage du laboratoire : jaune-vert. Le contraste du papier peut être atténué par prélumination. Le premier révélateur contient : génol 5, sulfite 25, hydroquinone 1, carbonate de potassium 15, bromure 1 et sulfocyanure de potassium 2 g par litre. Bain de blanchiment : bichromate de potassium 5 et acide sulfurique 5 ml par litre.
Copies diapositives
Les émulsions diapositives possèdent une courbe caractéristique d’allure générale analogue à celle des émulsions négatives mais leur latitude de pose est beaucoup plus restreinte. En compensation leur y co est élevé, ainsi que le noir maximum. Les émulsions positives sont des émulsions à grain très fin, donc peu rapides. Le tirage des images diapositives se fait par contact ou par projection. Dans le premier cas, la densité efficace du négatif a une valeur voisine de celle mesurée en lumière diffuse. Dans le tirage par projection, la densité efficace du négatif se rapproche de celle mesurée en lumière dirigée. L’image est, par elle-même diffusante, et d’autant plus diffusante que son grain est plus gros. Un négatif à gros grain donnera un plus grand écart de contrastes entre les tirages par contact et par projection, qu’un négatif à grain fin.
Pour éviter l’influence des rayures, dans le tirage des films cinématographiques, on opère dans un liquide ayant un indice de réfraction égal à celui du triacétate de cellulose : 1,478 ± 0,02. On y arrive avec un mélange de méthylchloroforme et de tétrachloréthylène ou de toluène, ainsi que par un mélange de Freon 113 et de tétrachloroéthylène ou de toluène (3).
Les films positifs cinématographiques sont développés à un gamma de 1,8 à 2,6 de façon qu’avec un négatif développé, mettons à ɣn = 0,7, on obtient une image positive de contraste ɣn x ɣp = 0,7 x 2 = 1,4 minimum. On admet une tolérance de 0,05. Lorsque le positif est à grain extra-fin, les copies sont plus transparentes et il faut, pour obtenir une projection suffisamment contrastée, majorer le y de contrôle en lumière diffuse (4) de façon que le ɣ de développement atteigne 2,5.
Remarque importante : Ne jamais oublier que les caractéristiques d’une émulsion varient non seulement d’une fabrication à l’autre mais aussi au cours du stockage, ce qui rend nécessaires des contrôles fréquents.
Copies sur film de 16 mm.
Les copies sur film de 16 mm, à partir de films de 35 mm se font sur tireuses optiques dans lesquelles on cherche à réduire le plus possible les lumières parasites (5). On doit tenir compte du facteur de contraste inhérent au tirage par projection, pour déterminer le développement.
Emulsions diapositives pour reproduction
Ces émulsions se divisent en deux catégories : celles pour reproduction de documents et celles pour arts graphiques. Pour la reproduction de documents, les microfilms ortho et panchro sont d’un usage courant. Les émulsions pour microfilm sont généralement des chloro bromures rapides à grain extrêmement fin. Il en existe en bromure mais le grain est plus gros. Une sensibilité relativement élevée leur est donnée par chromatisation (dans le jaune- orangé pour les ortho). Le ɣ est de 3 à 3,5. Il existe des films pour reproduction en 16 mm, et des portraits-films pour l’obtention de calques. Les émulsions pour calquage se fabriquent d’ailleurs également sur papier translucide imperméable (calque-photo) : elles fournissent des contrastes élevés.
Pour les arts graphiques les émulsions semi-rapides, d’un contraste variant de 1,6 à 2,5 permettent les reproductions en demi-teintes. Les émulsions lentes, à grain plus fin, type chlorobromure, à fort contraste, sont réservées aux reproductives tramées ; une variété particulière dite litho permet des contrastes particulièrement élevés par développement dans un révélateur au formol.
Auteur Pierre Glafkidès
Physique et chimie photographique
Edition Paul Montel – 1967
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(2) G.W. Schumann Phot. Sei. Engng., mai 1962, pp. 146-155.
(3) D.A. Delwichc et coll. : JI. Mot. Pict. Engnrs., oct. 1958, pp. 678-685.
(4) J.G. Streiffert : J!. Mot. Pict. Eng., décembre 1947, pp. 506-522.
(5) A. Tutchings : Brit. Kinema, novembre 1951, pp. 132-139
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