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Argentique NB : la reproduction photographique 3/3

REPRODUCTION DES IMAGES

Auteur Pierre Glafkidès
Physique et chimie photographique

Edition Paul Montel – 1967

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Réduction des densités extrêmes

L’étendue des densités extrêmes d’un négatif est le plus souvent supérieure à l’étendue des luminations du papier. Il est quelquefois désirable soit de réduire la différence des densités du négatif tout en conservant le contraste des détails, soit d’atténuer le gamma du papier pour l’harmoniser au négatif. 
On obtient une séparation de tons quand, suivant Maurer, on réduit toutes les densités moyennes à l’horizontale, ne laissant à leurs valeurs que les lumières et les ombres. On peut réaliser une telle compression par la technique de Person, qui consiste à tirer d’abord un diapositif et, de celui-ci, un négatif des lumières et un négatif des ombres, par poses respectives courte et longue. Les deux clichés sont ensuite successivement tirés sur un même papier, en parfait repérage. Au maximum de contraste, cette méthode ne fournit plus que du blanc, du gris et du noir, c’est l’isohélie (fig.  146). Yves Bruneau conseille pour cela d’utiliser des émulsions « litho » développées dans un révélateur au formol, qui donnent des négatifs partiels extra-durs.

Réduction de la différence des densités extrêmes du négatif

Cette réduction peut s’effectuer par deux méthodes différentes : la première utilise des masques flous, suivant la technique de Yule (14). La seconde, plus rapide, est une application de l’effet Herschel. La technique décrite par Miss M. Johnson (15) est la suivante :
Le négatif est copié en contact, par courte pose en lumière ordinaire. Une pellicule transparente est ensuite intercalée entre le cliché et le papier, et le tout exposé à de la lumière rouge pendant un temps relativement long. Les densités extrêmes du négatif sont ainsi réduites à l’étendue d’enregistrement du papier. La pellicule transparente doit avoir 0,3 mm d’épaisseur. Durée de pose en lumière rouge : 5 mn. Source de lumière rouge : 4 photofloods + 3 filtres Wratten 70, chaque ; ventilés et protégés par une cuve d’eau.
L’effet Herschel est plus intense avec un papier désensibilisé. La source blanche est alors formée de deux photofloods avec une durée de pose de 3 à 9 s. Les filtres pour la source rouge sont des Wratten 25 et la pose correspondante de 30 s.

Tirage par rétroaction

On réalise la réduction des intervalles des densités, d’un négatif, d’une façon automatique, en appliquant la contre-réaction d’une image positive faisant fonction de masque. Cela nécessite l’exploration du négatif par un tube cathodique. L’exploration d’un négatif par tube cathodique a été suggérée dès 1934 par Bullimore et Badford (16) mais elle n’a été appliquée que plus tard à la correction des images contrastées par Simmons (17) et Craig (18). Les appareils mis au point par ce dernier sont construits par LogEtronics Inc.
Le tirage par rétroaction (fig. 147) consiste donc à balayer le cliché négatif par le spot d’un oscilloscope, projeté par l’intermédiaire d’un système optique. Le papier de copie est appliqué sur le négatif, ce qui fait que la lumière du spot traverse l’ensemble négatif-papier pour être recueillie par une cellule photomultiplicatrice. Le signal résultant est, après amplification, appliqué à la grille du tube cathodique, ce qui abaisse l’intensité du spot quand la densité du négatif est trop faible, tandis qu’il l’augmente dès que cette densité devient forte. Il faut pour que la correction soit convenable que l’amplificateur obéisse à une fonction logarithmique. La dimension du spot a aussi une influence. Les premiers modèles avaient un spot de 12 mm de diamètre ; il a été réduit à 2,5 mm. Pour une étude théorique voir Blackmer et Marchant (19).


Les tireuses à rétroaction existent en trois modèles : par contact, agrandissement et réduction (fig. 148)

Atténuation du contraste des papiers par effet Sterry

L’effet Sterry consiste à atténuer le contraste d’une image sur papier en traitant celui-ci, après la pose, par une solution de bichromate à 1 %, pendant 1 mn. Il suffit ensuite de rincer 20 s et de développer. Pour les papiers chlorure la concentration en bichromate est réduite à 0,2 %.
La durée d’exposition doit être telle que les détails des faibles densités soient enregistrés. La concentration en bichromate et la durée d’immersion sont pratiquement réglées d’après l’écart existant entre le contraste de l’image négative et celui du papier. Une règle empirique (20) consiste à déterminer les durées optimum de copie pour les lumières et les ombres, puis de faire le quotient : le nombre trouvé v indique le volume en millilitres d’une solution de bichromate à 5 %, à diluer en un volume V. Le nombre 1,5 V indique alors la durée de traitement, en secondes.

Images en « High Key »

Les images en « High Key » sont constituées par des gammes de tons clairs parsemés de taches sombres de faible étendue. La méthode la plus simple consiste à photographier des sujets pleins de clarté, sans contrastes accusés. Négatif et positif sont développés doux. S’il y a de fortes densités gênantes on diminue la durée de tirage. Une seconde méthode consiste à blanchir l’image positive dans un bain durcissant au bichromate qui tanne la gélatine dans la région des hautes densités. Par redéveloppement dans un bain au diaminophénol dilué, seules les parties claires de l’image viennent normalement.

Reproduction des documents

Les papiers industriels servent à la reproduction de documents. Il en existe plusieurs types. Généralement ils sont à surface mate et l’émulsion est équilibrée avec le support, de telle sorte que ce dernier ne se roule pas après séchage sur cylindre chauffé. 

Papier document

Emulsion bromure sur papier mince (90g non baryté). Sensibilité égale ou inférieure à celle des papiers bromure brillants. Contraste vigoureux. Utilisation : agrandissement de microfilms. Le même type se fait en émulsion recto-verso pour copie sur les deux faces. Certains de ces papiers ont des émulsions au chlorobromure.

Papier document rapide

Emulsion bromure ou chlorobromure, orthochromatique, sur support baryté. Dix fois plus rapide que le papier document ordinaire. Contraste vigoureux. Utilisation : photographie directe des documents sur machines du type Photostat, avec objectif et inversion du sens par miroir.

Papier pour cardiogrammes

Emulsion bromure ordinaire, sur papier brillant coupé en bandes et perforé latéralement.

Papier enregistreur

Emulsion très rapide du type négatif coulée sur papier mince non baryté. Se conserve peu de temps. Utilisation : appareils enregistreurs à spot lumineux ou bien papier rapide à noircissement direct, développé par post-lumination. La sensitométrie de ces papiers a été étudiée par I.B. Current (21) avec des lumières de durée brève, sur sensitomètre Edgerton (Boston). 

Papier reflex

Emulsion chlorure extra-contraste, à seuil de noircissement très court, orthochromatique, coulée sur support mince non baryté. Se manipule à la lumière électrique faible ou à la lumière du jour très atténuée.
Utilisation : reproduction des documents par réflectographie. L’émulsion est mise en contact parfait avec le document et exposée par le côté support sous un écran jaune. Par développement  rapide de 30 à 60s on obtient un négatif. Ce négatif, séché, peut servir à tirer, par contact normal sur le même papier, des positifs.

Le pied de la courbe de noircissement de l’émulsion reflex étant très court, une première exposition à la lumière, dans son trajet aller, ne produit pas d’image latente ni aucun voile, mais des sous-germes. La lumière, diffusée par les parties blanches du document, agit de nouveau sur l’émulsion: son action s’ajoute à celle de la lumière incidente, produisant ainsi une image latente développable et très dense, attendu que l’émulsion est très contrastée (ɣ = 7).

Papier positif direct

Emulsion chlorure contraste solarisée très lente et ortho, sur support mince non baryté. Utilisation : positifs directs par tirage normal ou réflectographique. Sensibilité égale à celle d’un papier diazo 

Reproduction des documents

L’extension considérable prise ces dernières années par la reproduction des documents a poussé les fabricants de surfaces sensibles et les constructeurs de tireuses à d’incessants perfectionnements. Les procédés se sont multipliés, ayant pour but principal l’automatisation aussi complète que possible des opérations. Aux systèmes photographiques classiques sont venus s’ajouter des procédés spéciaux, que nous ne ferons qu’énumérer dans le présent paragraphe, nous réservant d’en dire davantage dans les seconde et troisième parties de ce volume. On peut classer les diverses méthodes de reproduction de documents comme suit : 

1° Reproduction par voie optique, sur papier bromure rapide, à l’aide d’appareils volumineux,    type Photostat, avec miroir de redressement. On obtient des images en blanc sur fond noir, sauf si on utilise du papier inversible.

2° Tirage par contact en lumière transmise, de préférence sur papier chlorure pour documents. La copie est un négatif, dont il faut tirer un positif, par une opération identique. Ce procédé, assez long, peut être pratiqué avec un simple châssis, mais on préfère utiliser une tireuse portative soit statique à glace horizontale, soit rotative à tambour éclairé.

3° Tirage par contact en lumière réfléchie, utilisant le papier document « reflex ». Celui-ci est placé, émulsion en contact avec le document et exposé par le dos, à travers un filtre jaune. On obtient après développement un négatif qu’il faut retirer en positif par un second tirage. La réflectographie permet de reproduire des documents écrits sur les deux faces. Pour la photocopie de pages de livres on trouve des dispositifs spéciaux. Le développement peut être accéléré par emploi de développeuses à rouleaux, dans lesquelles le papier est humecté d’un révélateur énergique puis stabilisé et essoré. 

4. Inversion – transfert. La feuille (Copyrapid ou Gevacopy) est impressionnée, puis appliquée sur un papier positif de transfert portant des germes de réduction. Humectée de révélateur, elle laisse diffuser l’excès de sel d’argent vers la couche positive. Le positif et le négatif sont séparés à la sortie de l’appareil sans autre opération. Toutefois pour une conservation indéfinie de l’épreuve il faut la laver. Les tireuses par inversion-transfert actuellement sur le marché sont en très grand nombre. Certaines sont entièrement automatiques, réalisant un tirage en 10 s, d’autres sont semi-automatiques, c’est-à-dire que tirage et développement sont des opérations séparées.

5. Papier positif direct. Ce papier, très lent, permet de copier aussi bien par transmission que par réflexion, à l’aide de tireuses spéciales. Il faut cependant tenir compte du retournement de l’image : c’est pourquoi on place le document contre le support et non contre l’émulsion. On développe sur rouleaux avec un révélateur à PH élevé et on stabilise au thioéyanate

6° Procédé Verifax. Une fois l’impression faite, on peut tirer une demi-douzaine de copies à partir de la même matrice par transfert de la gélatine sur un nouveau support. Il existe plusieurs variétés d’appareils pour effectuer cette opération (Kodak).

7. Offset. On réalise d’abord un cliché, soit sur papier, soit sur film, soit sur aluminium présensibilisé, de façon à avoir une partie lipophile (image argentique) acceptant l’encre, et une partie hydrophile. Des tireuses offset de bureau, dont il existe de nombreux modèles, permettent ainsi de tirer plusieurs milliers de copies d’un même document, à partir des matrices sur Ektalith, Regma, 3 M, Océ Azoflex, etc.

8° Stencil photographique, type Gesteprint. Il a, sur le stencil ordinaire réalisé sur machine à écrire, l’avantage de pouvoir reproduire toutes sortes de dessins. Le tirage se fait sur duplicateur à encre grasse.

9° Pochoirs photographiques sur soie. Ils se font avec les papiers genre Autotype 

10° Stencils électroniques. Des machines telles que Gestefax, Electro-Rex, Roneo Electronic, permettent d’obtenir rapidement, par exploration et gravure synchronisée, des stencils reproduisant fidèlement n’importe quel document.

11° Thermographie sur papier genre Thermofax à l’aide d’une tireuse à source infrarouge, seuls les caractères noirs s’échauffent et rayonnent suffisamment pour décomposer et noircir la couche sensible. L’opération est très rapide et ne nécessite aucun développement. Le procédé Imagic qui utilise les différences de volatilité d’un solvant appliqué sur le document irradié, peut être considéré comme un procédé thermographique.

12° Electrophotographie. Elle comprend la Xerographie et le procédé Electrofax, ainsi que le procédé à brouillard chargé (smoke printer). Cette méthode exige des appareils très complexes dans lesquels toutes les opérations sont entièrement automatisées. Leur emploi est justifié dans le cas d’un travail suivi, à grand débit.

13° Diazocopie, par développement à sec ou semi-humide  ou même par développement thermique. De nombreux appareils de tirage permettent soit la reproduction des plans, soit la reproduction des documents. Certains de ces appareils travaillent à une cadence rapide.

14° Diazocopie par réflexion, ou procédé Azoflex ; OCE stripfilm ou OCE transfert. Ce dernier reporte une image au carbone sur un support opaque ou translucide qui sert ensuite à tirer les copies.

15° Procédés aux sels de fer

16° Reproduction par microfilms. C’est une méthode particulièrement indiquée pour la reproduction d’une série suivie de documents. On utilise un matériel spécial pour la prise de vue, et des agrandisseurs pour la copie positive sur papier. Des lecteurs permettent l’examen immédiat de l’image négative agrandie. Les émulsions utilisées pour les microfilms sont généralement des chlorobromures rapides, contrastés et à grains très fins. Leur capacité d’information doit être aussi élevée que possible.

Papiers à contraste variable (8)

a) Variation de contraste par lumination auxiliaire

Une émulsion qui a subi une pré- ou post-lumination de faible intensité et de durée supérieure à 0,1 s, représente une diminution de la pente de sa courbe de noircissement. La courbe initiale pivote au point des densités supérieures, son pied se déplaçant vers les faibles valeurs d’exposition. L’étendue utile du papier augmente dans la région des lumières (22). Si on part d’un papier extra-dur, on peut obtenir ainsi toutes les gradations intermédiaires Une formule de Berghaus (23) permet de calculer la lumination auxiliaire optimum. 
Des papiers en bandes, dont l’émulsion est spécialement adaptée au travail par lumination auxiliaire, Variolux Agfa, Gradophot Leonar, Multicontrast Gevaert, Uni-contrast Kodak, permettent le tirage sur machines automatiques, le réglage du contraste s’effectuant par simple pression sur une touche.

b) Papiers à contraste variable, par action chromatique.

Quand une émulsion est formée d’un mélange de deux émulsions, l’une orthochromatique extra-dure, l’autre non sensibilisée et douce, il devient possible de faire varier le contraste, par interposition de filtres jaunes de densités diverses, pendant le tirage. C’est sur ce principe que sont basés les papiers Multigrade Ilford, Varigam Du Pont, Polycontrast Kodak, Vee Cee Ansco. Certains de ces papiers existent en type normal et type rapide. On trouve aussi un papier à tons chauds, pour le portrait, le Polylure Kodak. Les papiers Multigrad et Varigam sont les plus anciennement connus.

Papier Multigrade. 
Son principe a été indiqué par K. Fischer en 1912, mais mis au point par F. Renwick en 1940. 11 existe en blanc brillant, carton brillant et carton blanc velours semi-mat. La chambre noire étant éclairée à travers un écran Ilford S.902 brun clair et l’objectif protégé par un capuchon n° 205 rouge, on utilise 7 filtres jaunes en acétate. Le plus clair, n° 1, fournit le contraste le plus faible, et, avec un agrandisseur à lampe opale, il suffit des filtres 1 à 5. Quand la lampe est fluorescente les n.s 3 à 7 sont employés, et pour le tirage par contact on se sert des filtres 2 à 6. Le temps de pose est d’autant plus long que le filtre est plus jaune : par exemple 9 s avec n° 1 et 10 s avec nu 3 et 14 s avec n° 5, dans le cas d’un agrandissement normal — 7 s avec n° 2, 10 s avec n° 4 et 13 s avec n » 6 dans le cas d’un tirage par contact. Une autre façon d’opérer consiste à faire une exposition partielle avec le filtre le plus doux et de terminer avec le filtre le plus dur : ainsi 10 s avec le n. 1 seul donneront une image extra douce, tandis que 5 s avec le n° 1 plus 16 s avec le n° 5 donneront une image normale. On peut même exécuter l’opération sans filtre et avec le filtre n° 5. On obtient un effet analogue en plaçant entre les lentilles de l’objectif de l’agrandisseur un petit disque découpé dans un filtre « dur ». Le contraste se trouve alors modifié par simple variation de l’ouverture, c’est-à-dire du rapport lumière blanche/lumière jaune.

Papier “Varigam” Du Pont
Il comporte une émulsion au chlorobromure chromatisée à l’aide de certains colorants particuliers comme la 1.1-diéthylpseudocyanine, à concentration inférieure à la concentration optimum. Cette émulsion est lavée pour éliminer le colorant en excès. Potter et Hagaman ont constaté que ce dernier est adsorbé uniquement par les gros grains (Br. Amér. 2.280.300). Par tirage en lumière verte on agit sur les grains chromatisés qui ne fournissent, étant plus gros, qu’un faible contraste, tandis qu’en lumière violette, les grains fins non chromatisés donnent des images 50 % plus dures. Dix filtres allant du bleu au jaune sont utilisés pour le tirage.

Papier fluorescent Keinart
Ce papier à support fluorescent a été destiné à la reproduction photomécanique. Une lumination auxiliaire en ultra-violet accentue le contraste de l’image, par excitation de la substance fluorescente. De très nombreux brevets ont été pris, concernant les substances fluorescentes (24) : acides dérivés du p. p-diaminostilbène dont les groupes aminés sont substitués ; dérivés de la 7-amino-méthyl coumarone ; dérivés du 2-styrylbenzimidazole, etc.

Reproduction de documents sur papier fluorescent
Ce procédé, que nous reverrons à l’occasion de la reproduction des couleurs, permet d’obtenir, en photographie ordinaire, le contraste maximum d’un document. Celui-ci est réalisé sur papier fluorescent. Les retouches sont faites à la gouache fluorescente. Le dessin est éclairé par un mélange de lumières blanche et ultraviolette tandis qu’un filtre absorbant l’ultraviolet est placé devant l’objectif. Les parties activées par les rayons ultra- violets deviennent plus brillantes ce qui augmente l’écart des luminosités, donc le contraste du sujet

Auteur Pierre Glafkidès
Physique et chimie photographique

Edition Paul Montel – 1967

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