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Comment développer ses propres négatifs couleurs ?

Comment développer ses négatifs couleurs

Plusieurs fabricants proposent aujourd’hui des kits complets pour effectuer soi-même le  développement des films couleurs, notamment avec des cuves de type Paterson ou Jobo. La communication qui est faite autour de ces kits de développement met en avant  simplicité et souplesse d’utilisation.

Mais à l’image des processus industriels, il est nécessaire de respecter des règles très strictes car les conditions de développement influent directement sur la composition chromatique du négatif. Le non-respect de ces règles entraînera automatiquement des dérives colorimétriques avec pour conséquence,, lors du tirage, de nombreux tests à faire pour trouver le bon filtrage.

Le principe de développement

Le traitement de base, celui qui est utilisé dans les  laboratoires professionnels, est composé de 4 bains (type C41). 

  1. Le révélateur chromogène 
  2. Le blanchiment 
  3. Le fixateur 
  4. Le stabilisant 

Pour les très petites productions, les fabricants ont modifié le processus en rassemblant dans un même produit le blanchiment et le fixateur, à l’image de ce qui existait déjà avec le traitement papier RA4. Chaque composant a un rôle très précis :

Le révélateur chromogène permet d’obtenir les colorants jaune, magenta et cyan qui sont associés aux trois couches superposées et qui contiennent les sels d’argent nécessaire à l’exposition. Le révélateur chromogène est un produit qui s’oxyde beaucoup plus vite que les révélateurs NB. Cette oxydation a plusieurs origines : 

  1. La quantité de films développés.
  2. Le contact avec l’oxygène de l’air. 
  3. La durée de stockage. 
  4. Dans une moindre mesure, la lumière.

Le blanchiment va transformer, une fois les colorants apparus, l’argent du film en halogénures d’argent, ceux -ci ayant la particularité d’être solubles. Contrairement au révélateur, le blanchiment est un produit stable qui ne s’use que par son utilisation.

Le fixateur a pour mission de dissoudre les sels halogénures d’argent ce qui rend le film transparent. Comme pour le blanchiment, le produit est stable. A noter que pour l’utilisation artisanale, le blanchiment et le fixateur sont rassemblés dans un même produit avec un temps de traitement beaucoup plus long.

L’eau est utilisée dans le processus artisanal, pour remplacer le stabilisant dans sa fonction de lavage.

Le stabilisant est une sorte d’agent mouillant : 

  • Dans les laboratoires professionnels, il lave le film de manière chimique et remplace l’eau.
  • Au niveau artisanal, il permet un séchage sans trace de calcaire.

Préparation et conservation des produits

Comment développer ses propres négatifs couleurs ?

Il faut noter que les produits se diluent pour un volume précis. On effectue donc la dilution dans environ un volume d’eau tiède (env. 40°) correspondant à 75 % de la quantité finale. On complète la préparation en ajoutant de l’eau froide pour arriver au volume prévu.
Il est, par ailleurs, déconseillé d’utiliser de l’eau distillée. Celle-ci pourrait contenir un taux important de cuivre (dû à l’alambic) ce qui accélère le processus d’oxydation du révélateur

La préparation du révélateur demande quelques précautions.

  1. Il faut absolument éviter de brasser énergiquement le bain pour le mélanger afin d’éviter une pré oxydation avec l’oxygène de l’air.
  2. Je recommande de ne pas fractionner la dose initiale, ce qui peut être une source d’erreur avec les conséquences que l’on peut imaginer.
  3. Il vaut mieux laisser reposer la préparation avant la première utilisation.
  4. Stocker le produit dans plusieurs petits bidons de type accordéon afin d’éviter de manipuler inutilement l’ensemble du révélateur.
  5. Remplir au maximum le bidon “opaque” afin d’éviter tout contact avec l’air et la lumière.
Comment développer ses propres négatifs couleurs ?
Durée de conservation de la chimie Colortec C41 de Tetenal

Utilisé ou non, le révélateur s’oxyde. Dans les conditions décrites ci-dessus, il se conserve au maximum 6 semaines. Il devient brunâtre au fur et à mesure de son vieillissement. Dans les notices des fabricants, ce point n’est pas pris en compte pour le calcul du rendement. Or il est illusoire de croire que, par exemple, pour une capacité de traitement de 20 films, un révélateur pourra traiter 10 films,  la 1ère semaine et les 10 autres 6 semaines plus tard.

La préparation des  blanchiment, fixage et stabilisant ne présentent aucune difficulté. Ils ont la particularité de ne pas s’oxyder et donc pas de contrainte de stockage. Il faudra tout de même séparer les produits utilisés de la préparation initiale. On calcule son vieillissement essentiellement par rapport au nombre de films traités. 

La phase du traitement

Les conditions de développement doivent être très strictes et surtout  reproductibles afin d’assurer une qualité chromatique constante dans le temps. Cela  évitera beaucoup de perte de temps dû aux nombreux tests nécessaires pour avoir un bon tirage.

Le révélateur 

La bonne gestion du révélateur est évidemment l’élément clé d’un bon suivi qualité. Les 3 critères à prendre en compte sont les suivants : La température, l’agitation et la durée. 

La température est l’élément le plus délicat à gérer,  Les machines de développement professionnelles le gèrent automatiquement mais avec les systèmes manuels comme les cuves Paterson c’est un peu plus compliqué car contrairement au Noir et Blanc les conditions pour la couleur doivent être très rigoureuses.

La valeur de référence de la température est de 37,8° avec une tolérance de +/- 0,15° Aujourd’hui les fabricants proposent de développer avec des températures différentes. Dans tous les cas, celle-ci doit être précise et stable .Ce point est fondamental pour assurer un équilibre chromatique constant dans le temps. Certains fabricants proposent des températures plus élevées, comme 45°. Je n’y suis pas favorable. Cela augmente le risque d’avoir des zones sur le film (voir le tableau sur les défauts de traitement)

Voici les conseils que je peux donner :

  1. Utiliser un thermomètre précis. Les modèles électroniques doivent être contrôlés, ils peuvent donner une fausse information.
  2. Il faut préchauffer la cuve avec de l’eau chaude à 40° pour éviter une modification thermique de la chimie lors de son introduction.
  3. Verser le révélateur à la bonne température.
  4. Stabiliser la température via un bain marie et/ou une plaque chauffante. (maintien en température)
  5. Développer à une température plus basse avec une durée plus longue ne me paraît pas être une bonne idée. Plus longue est la durée, plus difficile est de maintenir une stabilité.
  6. Développer à une température trop haute ou avec un révélateur trop concentré n’est pas non plus une bonne idée. Le produit va agir très vite ce qui demande une vigilance au niveau de l’agitation, sinon il y aura des zones.
  7. Je pense qu’il est indispensable de faire des tests pour vérifier la stabilité de la température durant la durée de développement et mettre en place une procédure.
  8.  Encore une fois, je rappelle que celle-ci doit être reproductible

L’agitation est aussi un élément essentiel dans le suivi qualité. L’agitation permet de renouveler le révélateur qui est est contact direct avec le film. Une bonne agitation consiste à faire une rotation (2 ou 3 tours) de la spire 4 fois durant les 30 premières secondes, puis une fois toutes les 30 secondes. Une agitation plus importante ne sert à rien et, au contraire, va créer une oxydation inutile. Il faut aussi noter que cela va influencer le résultat qui peut aller jusqu’à + 20% du temps de développement. 
Ici aussi, le processus doit être reproductible. Les séquences doivent toujours être identiques d’un développement à l’autre.

La durée de développement ne pose pas de problème particulier. Il faut juste savoir que l’action du révélateur prend fin lorsqu’on verse le blanchiment fixage.

Le blanchiment fixage

La suite du traitement est assez simple à réaliser. L’amplitude des températures est importante, entre 33 et 40 °, ce qui ne demande aucune précaution particulière. L’agitation reste nécessaire. La durée du traitement ne peut pas être inférieure à celle indiquée par le fabricant, mais peut être supérieure. La cuve peut être ouverte une fois atteint 75 % du temps de traitement du Bl-Fx. Ces deux  composants régissent la qualité de conservation du film dans le temps. En cas de problème, il est tout à fait possible, après le lavage, de reprendre le traitement au Bl-Fx. Après le stabilisant, il faudra préalablement relaver le film.

Comment développer ses propres négatifs couleurs ?

L’eau

Le lavage conditionne la conservation du film dans le temps. Il se fait cuve ouverte et permet l’élimination des résidus comme les sels d’argent. Il faut surtout éviter un choc thermique avec de l’eau froide. Cela pourrait créer une réticulation. Un lavage efficace consiste à renouveler l’eau plusieurs fois (en vidant la cuve) durant la première minute puis laisser couler l’eau dans la cuve durant le temps indiqué. Mais attention, la méthode utilisée doit permettre un renouvellement complet de l’eau. Si ce n’est pas possible, si une partie de l’eau reste dans le fond de la cuve, mieux vaut la vider toutes les minutes.

Le stabilisant

Il va faciliter le séchage en évitant les traces de calcaire (mais pas toutes les poussières)

Le séchage

Avant tout, il est nécessaire d’essorer le film avec une pince spéciale et de le lester avec une pince plombée. Le séchage doit se faire entre entre 21° et 28° et doit être stoppé dès que possible afin d’éviter que le film ne se courbe. Comptez entre 8 et 20mn. Un séchage trop rapide peut créer une incrustation de goutte d’eau sur l’émulsion qui ne peut plus être enlevée. L’apparition de traces de séchage sur le côté support est très fréquent. Il suffit de l’essuyer avec une peau de chamois humide. Une méthode simple et efficace consiste à fixer la peau de chamois sur une patère, ce qui permet d’essuyer le film en le tenant par ses deux extrémités. Si votre environnement est dépourvu de poussière, le séchage peut se faire à l’air libre.  Dans le cas contraire, il faudra prévoir une petite cabine de séchage, mais dans ce cas,  il faudra un brassage d’air filtré.

La réutilisation du révélateur

La manière dont on va réutiliser les chimies a évidemment une influence sur le suivi qualité. Deux éléments sont à prendre en compte : le nombre de films traités et son vieillissement dans le temps. Ce dernier point  n’est pas abordé dans les notices des fabricants. Or un certain nombres de questions se posent : 

Comment développer ses propres négatifs couleurs ?
  • Combien de temps puis-je garder un révélateur neuf ?
  • Puis-je réutiliser un bain avec lequel je n’ai développé qu’un seul film ?
  • Si oui, combien de temps puis-je garder un  révélateur utilisé ?
  • Est-ce que je peux répartir les films sur plusieurs semaines ?
  • Est-ce que je peux renforcer (régénérer) un révélateur utilisé en le mélangeant avec un bain neuf ?
  • Etc.

Dans l’industrie ou les laboratoires professionnels, les chimies sont régénérées avec du bains frais. Par exemple, pour le révélateur, la quantité ajoutée  est d’environ 25 ml par film 135/24 vues. Mais la régénération est plus concentrée, ce qui explique la faible quantité ajoutée. Le bain de départ est affaibli avec un starter. Cela équivaut au développement d’un certain nombre de films. Une démarche nécessaire pour que le révélateur soit dans les normes.

Avec des systèmes manuels, les bains contiennent d’office le starter et ne sont pas régénérables. On dit qu’il sont à “bains perdus”. Les fabricants indiquent que les doses sont vendues pour une certaine quantité de films.  Comme je l’ai dit plus haut, il est illusoire de penser qu’il est possible de développer ces films sur plusieurs semaines sans compenser le vieillissement des produits. En théorie, le principe du bain perdu est assez simple : bain utilisé = bain perdu. Il n’est donc plus utilisable du fait qu’il s’est oxydé durant le développement. En pratique, les choses sont un peu plus nuancées. Cela dépend du volume de votre cuve et du nombre de films que vous traitez en simultanée.  Si vous ne traitez qu’un seul film dans une cuve de dimension importante, la perte de produit sera importante car :

  1. Si la cuve est remplie totalement, vous utiliserez inutilement trop de chimie.
  2. Si la cuve est remplie partiellement, l’air contenu dans la cuve oxydera très rapidement le révélateur qui ne pourra plus traiter le nombre de film prévu.

Par exemple : vous utilisez une cuve de 650 ml et la chimie Colortec C41 en dose de 1 litre qui est prévue pour faire 16 films.  On comprend de suite qu’en développant 1 film à la fois, beaucoup de produit oxydé inutilement et je ne pourrai jamais traiter 16 films comme le préconise le fabricant. On trouve sur le marché  des cuves qui vont de 300 à plus de 650 ml.

Exemple d’optimisation d’une production

L’idée à travers cet exemple est voir comment on peut optimiser la capacité de production d’un révélateur : Ratio « vieillissement du bain / nombre de film dans le temps ».

Les conditions techniques de cette exemple sont les suivantes :

  • Fabricant : Tetenal Colortech C41
  • Production : 12 films sur 4 semaines
  • Matériel : Cuve Jobo ou Paterson 300ml – thermomètre – récipient gradué
  • Chimie : 3 bidons 300 ml révélateur neuf –  1 bidon blanchiment neuf + 1 bidon vide
Comment développer ses propres négatifs couleurs ?
Optimisation du révélateur (nombre de film / durée du stockage)

Première séquence : 1 à 4 films – Quantité de produit utilisée 300 ml  (1er bidon)
Les 2 premiers films sont développés à  3’15”
Les 2 suivants sont développés à 3’30” dans un délai maximum de 8 jours avec le même révélateur
Ne pas mélanger le bain usagé avec le bain neuf
Au bout de 8 jours le bain (perdu) est jeté, même si vous n’avez développé qu’un seul film*

Seconde séquence : 1 à 4 films – Quantité de produit utilisée 300 ml  (2ème bidon)
Peut s’effectuer dans un délai de 2 semaines maximum à partir de la date de préparation
Conditions et temps de développement identique à la séquence A
8 jours plus tard le bain (perdu) est jeté, même si vous n’avez développé qu’un seul film

C  troisième séquence  : 1 à 4 films  – Quantité de produit utilisée 300 ml  (3ème bidon)
A partir de la troisième semaine il faut tenir compte du vieillissement du révélateur
3ème semaine : ajouter + 15 sec. au temps de développement de la séquence A – jeter le bain au bout de 8 jours
4ème semaine : ajouter + 30 sec. au temps de développement de la séquence A – jeter le bain au bout de 8 jours
5ème et 6ème semaine : 2 films maxi (au lieu de 4)  ajouter + 45” sec.au temps de développement de la séquence A – jeter le bain au bout de 8 jours

 Optimisation du blanchiment fixage (nombre de film / durée du stockage)

Ici, les choses sont un peu différentes, car le Bl-Fx ne s’épuise pas avec le temps mais uniquement lorsqu’on l’utilise. Le tableau de Tetenal montre une nette augmentation de la durée qui passe de 4’ à 15’ (en fonction du nombre de films). Mais séparer le bain utilisé et le bain neuf permettra d’optimiser les possibilités du Bl-Fx.

Première séquence : 1 à 4  films – Quantité de produit utilisée 300 ml
Les 2 premiers film sont traités en  4’00”
Les 2 suivants sont traités en 6’00”” avec le même bain- Aucune contrainte de délai entre les 2 traitements
Ne pas mélanger le bain usagé avec le bain neuf
Le bain est considéré comme “perdu” (à jeter) une fois que les 4 films ont été traité

Seconde séquence : 1 à 4 films – Quantité de produit utilisée 300 ml
Conditions et temps de traitement identique à la séquence A
On peut renforcer le traitement en utilisant le principe de la double cuve

Troisième séquence : 1 à 4 films – Quantité de produit utilisée 300 ml
Conditions et temps de traitement identique à la séquence B

Jean-Claude ROMON

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Les défauts de traitement

DéfautDiagnosticCause / solution
– Manque de contraste
– Densité trop faible
– Densité N° de vue correct
– normale du masque clair
Film sous exposé– Conditions de prise de vue
– Manque de contraste
– Densité trop faible
– Transparence du Masque dense
– Zone avec dominante
Film périmé
– Manque de contraste
– Densité trop faible
– Densité N° vue faible
– Masque clair
Film sous développé-Température trop basse
– Durée de traitement trop courte
– Agitation insuffisante
– Révélateur oxydé
– Révélateur trop dilué
– Basse lumière trop dense
– Pas détails dans les hautes lumières (trop dense)
– Densité N° de vue correct
– Masque clair
Film surexposé– Conditions de prise de vue
– Basse lumière trop dense
– Pas détails dans les hautes lumières (trop dense)
– Densité N° de vue dense
– Masque avec voile résiduel
Film sur-développé– Température trop haute
– Durée de traitement trop Longue
– Agitation trop importante
– Révélateur trop concentré
– Zones de différente densitéProblème circulation révélateur-Agitation insuffisante

Le problème s’accentue avec l’élévation de la température et la concentration du révélateur
– Traînées claires parallèles Problème circulation révélateurLe film est resté immobile durant la phase de développement.
– Film laiteux sur une partie du filmProblème blanchiment – Fixage-Mauvaise agitation

Retraiter le film après le lavage. Après le stabilisant, il faut préalablement relaver le film.
– Film laiteux sur la totalité du filmProblème blanchiment – Fixage-Température trop basse
– Temps de traitement trop court
– Bain usé

Essayer de retraiter le film
– Gaufrage de la gélatineRéticulation– Choc thermique entre 2 bains
– Lavage avec de l’eau beaucoup trop froide

Aucune solution pour régler le problème
– Curl
– Déformation
– Manque de planéité du film
Problème de séchage-Trop chaud

Sécher le film entre 21 et 28°
– Trace goutte d’eau Problème de séchage– Séchage trop rapide
– Film mal essoré
– Stabilisant inefficace

Sécher le film entre 21 et 28°
Aucune solution pour régler le problème
. Essayer de re-laver le film
– Trace de calcaire sur le supportProblème de séchage– Problème courant,
– Peut-être Stabilisant usé

Essuyer le film avec une peau de chamois humide

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