Une méthode simple issue des essais qui ont été faits
Un historique des tests et la procédure complète
Un décryptage des éléments techniques
Le pouvoir résolvant, le pouvoir séparateur et la résolution
Introduction
Comme moi, vous détenez de vieux négatifs noir et blanc et vous aimeriez que ces vieux souvenirs soient sur votre disque dur plutôt que dans une boite à chaussures. Partant du constat que, mise à part les films 135, il n’y a pratiquement aucune solution pour numériser soi-même ces négatifs, il m’est venu une idée simple : une tablette peut-elle transformer un simple scanner à plat en scanner négatif ?
L’idée est intéressante et la procédure serait assez simple: utiliser une tablette comme boite à lumière pour éclairer le négatif durant le scan. En m’appuyant sur les techniques de reproduction utilisées en laboratoire, j’effectue les premiers tests. Ils montrent que cette solution est viable. Il y a juste quelques points techniques à régler : la luminosité de la tablette, le temps de pose, le contraste et la lumière parasite.
Résultats
Au final, les résultats sont intéressants. La qualité est fonction de la taille et de la définition du négatif, on obtiens:
- Pour un plan film professionnel, une très bonne qualité.
- Pour les moyens formats (4,5 x 6 à 6 x 9), une bonne qualité.
- Pour les plaques en verre : résultat correct compte tenu de l’original.
- Pour les 135 : très variable selon la qualité du film (de meilleurs résultats devraient être obtenu avec un scanner dédié au 135).
- Pour les 126 : une qualité très moyenne, mais existe-t-il une autre solution ?
Pour des raisons techniques, les négatifs couleurs et diapositives sont exclues de cette procédure . Cependant, il est possible de scanner des négatifs couleurs en noir et blanc .
Matériel
Voici la liste du matériel que j’ai utilisé :
- Divers négatifs : 126, 135, 120, plaques de verre et plan film pro.
- Un scanner d’entrée de gamme : Epson XP 302 (les résultats seraient bien meilleurs avec un modèle plus performant).
- Une Tablette avec un écran HD: Asus ME302C.
- Un logiciel de retouche : Photoshop 6.0.
- De l’adhésif repositionnable.
Une procédure simple pour les débutant
Cet article est plutôt destiné aux personnes ayant une certaine expérience. Toutefois, j’ai rédigé une procédure simple à l’intention des débutants que vous trouverez ci dessous.
Méthode
Mes premiers tests
Pour informations, voici un petit mémo des tests que j’ai effectué:
- Ils commencent avec le négatif maintenu sur la tablette avec l’adhésif puis en scannant le tout : la lumière parasite rend le résultat catastrophique.
- Je crée alors sous Photoshop, un masque au format du négatif (fig – 1) pour cacher cette lumière. Un fois transféré et affiché sur la tablette, je l’ajuste au négatif
Je scanne le tout. Le problème est réglé mais la luminosité de la tablette est trop importante. La courbe des niveaux est hors cadre. Baisse la luminosité de la tablette amène une trame.
- Je modifie le masque en placant dans la fenêtre un gris d’une valeur BVR* de 200 (*BVR = Bleu – Vert- Rouge). Le résultat s’améliore, mais le gris n’est pas assez dense. La bonne valeur sera 155 avec une luminosité de la tablette à 50 %. Mais la trame est toujours là.
- Je dois donc surélever la tablette. Le négatif sera donc posé sur la vitre de scanner, avec un masque de papier noir. A l’aide de 2 baguettes en bois je surélève la tablette de 2 cm. C’est déjà beaucoup mieux.
- La courbe des niveaux améliore le résultat.(voir plus bas)
La qualité est au rendez vous.
Productivité
Pour avoir passé beaucoup de temps dans l’univers « photo 1h », la notion de productivité est un point important pour moi. Cette méthode est trop longue, notamment à cause du placement du masque pour la lumière parasite.
A la réflexion, je me dis que que le filtre gris doit limiter ce problème de lumière parasite. Je refais un nouveau test, avec uniquement le négatif posé sur la vitre (2). C’est la solution et c’est beaucoup plus rapide !
Procédure :
Voici donc résumé la méthode :
- Créez, avec votre logiciel de retouche, un fond gris avec une valeur de 155 ou téléchargez le ici.
- Transférez le sur la tablette et affichez le à l’écran.
- Réglez la veille de l’écran à 30 minutes afin que celui-ci ne s’éteigne pas durant le scan.
- Placez le négatif sur le scanner, coté mat sur la vitre (attention, il doit être bien plat, au besoin utilisez un adhésif repositionnable).
- Posez la tablette sur le scanner en la surélevant de 2 cm.
- Faites un scan « Aperçu ».
- Faites une sélection de la zone à scanner.
- Réglez le scanner à 1200 dpi et 8 bits.
- Réglez les niveaux : les noirs doivent être gris.
- Effectuez le scan
- Sur votre logiciel de retouche, passez en négatif, et ajustez le contraste et remettre le négatif à l’endroit.*
* L’émulsion du négatif (donc l’image) se trouve coté mat. Si vous mettez le négatif sur la vitre du scanner coté brillant, vous risquez de perdre en définition. Mais lorsque l’image arrive dans votre logiciel de retouche, elle est à l’envers
Réglage optimum du scanner
Le gris neutre
Le gris neutre placé sur la tablette agit en quelque sorte comme le filtre multigrade d’un agrandisseur noir et blanc. Un filtre multigrade correspond à un niveau de contraste du négatif, ce qui évite d’utiliser les papiers de différentes gradations . Ici, le principe est le même. Pour obtenir une qualité professionnelle, on doit appliquer à chaque négatif son gris neutre. Il est donc nécessaire d’en créer une série et de les placer dans le même dossier de la tablette. Ensuite, on sélectionne, sur la tablette, le bon gris pour le bon négatif. La procédure semble longue mais elle deviendra rapide avec l’habitude. (comme le faisait un laborantin en choisissant le papier correspondant au contraste du négatif )
Réglage du pilote du scanner
- Pour gagner en temps de scan et en poids de fichier, inutile de scanner en 24 bits, 8 bits suffisent (1)
- La résolution (2) doit être réglée au maximum des possibilités du scanner sans toutefois utiliser les niveaux interpolés. Voir les données du fabricant.
- La gestion des niveaux (3) est fondamentale pour l’obtention d’une bonne qualité. Il faut absolument positionner la valeur du noir (4) au minimum. Les noirs profonds n’existent pas sur un négatif NB. (sauf sur les films au trait). Le curseur du blanc (6) peut rester au minimum. Le curseur (5) des valeurs moyennes doit être placé de telle manière que le négatif soit le moins dense possible, tout en conservant tous ses détails.
Complément technique sur la netteté des images
Dans une numérisation, la définition de l’image finale est variable et dépend de 3 facteurs.
1. Le pouvoir résolvant du film argentique scanné
2. Le pouvoir séparateur de l’objectif qui a effectué la prise du vue
3. La résolution du scanner
Ces 3 termes techniques définissent la netteté de l’image exprimée en:
– Nombre de lignes par mm (point 1 et 2 ci-dessus)
– Nombre de points par Inch, (point 3 ci-dessus)
ce qui, en réalité, est identique.
Pouvoir résolvant
Dans la pratique il est difficile de connaitre le pouvoir résolvant (ligne/mm) d’une émulsion argentique. Les fabricants ne communiquent pas beaucoup sur le sujet. On sait seulement qu’ une émulsion de 400 Asa a un pouvoir résolvant plus faible d’environ 30% qu’une de 100 Asa. De plus, les clichés sous exposés ou sur exposés le diminuent aussi. Ce qui est logique puisque dans ces deux cas, voir une ligne est plus difficile.
Pouvoir séparateur
Ici aussi il est difficile (en argentique) d’isoler le pouvoir séparateur d’une optique car la mesure se fait automatiquement avec un film qui a lui-même un pouvoir résolvant. Deux facteurs entre en ligne de compte:
- Entre une optique bas de gamme et haut de gamme, l’écart peut être de 2 ou 3.
- L’ouverture du diaphragme : plus celle-ci est grande, plus le pouvoir séparateur est important.
Ce que l’on sait :
- Une émulsion 100 Asa avec une optique haut de gamme donne 105 lignes / mm
- Une émulsion 400 asa avec une optique haut de gamme donne 79 lignes / mm
- Une émulsion 100 Asa avec une optique bas de gamme donne 65 lignes / mm 4. Une émulsion 400 asa avec une optique bas de gamme donne 40 lignes / mm
On peut imaginer que les petits appareils amateur auront des valeurs encore plus faibles.
La résolution
Ici l’information est plus simple à obtenir car elle est donnée par le constructeur. Le scanner que j’ai utilisé à une résolution de 1200 Dpi mais les haut de gamme peuvent monté jusqu’à 6400 Dpi. (Attention de ne prendre en compte que la résolution réelle et non celle interpolée qui n’est qu’un simple calcul mathématique.)
Si l’on fait la conversion en mm, on obtient :
- 1200 dpi = 47 points par mm ( 1200 / 25,4 mm – 1 inch )
- 6400 dpi = 251 points par mm (6400 / 25,4 mm – 1 inch)
Conclusion :
Pour avoir une qualité optimum il est nécessaire d’avoir une chaine de numérisation homogène . Utiliser, par exemple, une résolution de 6400 Dpi pour un film 135 / 400 Asa avec optique bas de gamme est sur-dimensionné. De même, un scan à 1200 dpi pour une émulsion de 100 Asa avec une optique haut gamme est sous-dimensionné.
Jean Claude ROMON
Copyright janvier 2017
Retour de ping : Comment numériser des négatifs Noir et Blanc avec une tablette – Les ancêtres de notre famille
Retour de ping : Comment numériser des négatifs Noir et Blanc avec une tablette – Les ancêtres de notre famille
La solution proposée est intéressante et inventive. Une autre encore plus simple est de coller une feuille de papier calque sur une vitre de fenêtre bien exposée à la lumière, d’y scotcher votre négatif et de le photographier avec votre smartphone.
Après, avec votre appli photo résidente, vous transformez le négatif en négatif ce qui donne un positif très acceptable de votre photo.
Très bonne idée…!
Tout cela me semble compliqué!
Si vous avez un grand nombre de négatifs à « positiver » et à enregistrer, équipez-vous d’un scanner HP Scanjet G4050. Il a un prix abordable et vous scanne tous types de négatifs (souples ou plaques de verre). Vous pouvez scanner jusqu’à 30 néga 24×36 à la fois. Vous lancez et vous revenez 40 mn olus rads, c’est fait.
Une chose: je ne vends rien mas étant archiviste d’une société d’Histoire, c’est la seule solution « maison » que j’ai trouvée valable et très facile de maniements.
Merci pour votre retour d’expérience qui je pense intéressera certains lecteurs. Concernant le HP Scanjet G4050, il semble qu’il ne soit plus disponible mais d’autres modèles existent entre 150 et 200 €
Une autre piste, pour les 135 en grande quantité, demander un devis aux photographes ayant un système de traitement 1H. Leurs machines numérisent rapidement et en haute résolution. Si les films sont en bande, il n’y a aucune manipulation : le scan d’un 36 vues est entièrement automatique et ne prendra que quelques minutes. Dans ces conditions, il y a moyen de négocier un bon prix car le photographe n’utilise aucune matière première.
Bonjour,
je viens d’acheter chez « Lidl » (pour ne pas le citer…) un scanner de diapositives et négatifs modèle SND 3600 C2 de marque SilverCrest garanti 3 ans pour 29 euros 90.
Il est vendu avec 2 supports pour film , 1 support pour diapos avec chargeur de 12 diapos, 1 brosse de nettoyage, un cable USB, un CD d’installation, 1 mode d’emploi.
Très facile d’utilisation, qualité des photos super. Le top…
Effectivement, ça a l’air d’être une très bonne affaire. Vu les caractéristiques du matériel, je pense qu’il n’y a pas de problème pour les diapositives. Pour les négatifs couleurs, compte tenu de la diversité des marques et surtout des couleurs de masque (couleurs jaune orangé du support), il faut de bon algorithmes de traitement. j’espère que c’est le cas, sinon c’est un travail sous Photoshop. Mais pour le prix…
Personnellement, j’ai numérisé, il y a maintenant presque 18 ans, une série de négatifs de mon grand-père.
J’avais fait une boite dans laquelle était enfermé un néon (pour le pas trop chauffer) ; le dessus de la boite était fermé par un verre dépoli.
Je plaçais le négatif sur la plaque dépolie, et je posais dessus une plaque de verre pour aplatir le négatif.
J’utilisais mon caméscope Hi8 pour la numérisation, et je sortais un positif par traitement avec Photoshop.
Maintenant, j’utiliserais une ampoule LED et mon camescope AVCHD qui a une résolution de 20 Mpixels, et je pense que, pour moins de 10 €, j’aurais un résultat remarquable ; l’ennui, c’est que je n’arrive pas à remettre la main sur ladite boite…
Bien cordialement.
Encore une bonne idée, mais attention aux anneaux de Newton qui peuvent apparaître lorsque on place un négatif entre deux plaques de verre (en savoir plus)
Je n’ai pas observé ce phénomène lorsque j’ai numérisé les négatifs.
Coup de chance ?
Et bien bravo pour toutes ces recherches.
Je m’apprête à suivre le fil de votre technique pour expérimenter une mise à plat du négatif sous plaque de verre